Azora

Roxaneyuna marchait d’un pas déterminé, vers lui ; elle savait où il l’attendait. Elle avançait dans ce bois lugubre respirant déjà la mort, mais elle ne le voyait toujours pas. Les arbres, alignés, semblaient l’observer avec inquiétude à l’approche du moment fatidique. La jeune elfe aux yeux injectés de sang, trainait la pointe de sa lame au sol, telle un vieux bâton, blessant volontairement la terre humide.
Soudain elle le vit. Il était là, au bout du chemin, et il l’attendait, un sourire au coin des lèvres. Roxaneyuna n’eut à peine le temps de remarquer ce détail que son âme s’enflamma, elle ne voulait qu’une seule chose, le tuer. Un élan vital lui donna une force indescriptible, poussée par la rage, elle leva sa lame et la pointa au loin vers le visage de sa future victime, Thorak. Plus rien autour d’elle ne l’intéressait, elle n’avait qu’un but, se venger.
Elle courut alors en sa direction, toujours sa pointe levée, guidée par la haine, rongée par la souffrance qu’il lui avait fait subir. Elle courait de plus en plus vite, s’approchant toujours plus de l’elfe immobile et serein. Quelques mètres avant qu’elle n’eut enfoncé sa lame en plein cœur, Thorak disparu en une fraction de seconde. L’elfette s’arrêta net dans son élan, consciente d’un piège à venir. Sa rage avait disparu, un calme inquiétant s’était emparée d’elle. Elle ferma les yeux et se concentra sur les sons de la forêt. Aucun indice. Seul le vent glacial insufflait funestement les dernières feuilles, pendues aux arbres, attendant d’être achevées. Elle sentit alors un couteau sous sa gorge. Au même moment, un sourire sortit de l’ombre et murmura d’un ton espiègle : « Bien joué frangin ».

L’elfette garda néanmoins son sang froid mais sentait que son heure était proche. Elle fixait Thorak, posé en face de lui, et lui cracha : « C’est tout digne de toi, la lâcheté ne te quittera donc jamais. »
Celui-ci, d’un ton moqueur lui répondit : « Arrête de prendre la mouche de la sorte ! Nous savions ce que tu voulais faire, tu étais donc prête à me tuer pour écarter tout opposant pour ta quête infinie de pouvoir ».
L’elfette, folle de rage lui rétorqua : « Tu n’entendras donc que ce que ta petite cervelle te dicte ! ». Le couteau que tenait le frère de Thorak commença à faire saigner le cou de Roxaneyuna. Elle poursuivit tout de même ses propos : « Ce sont vous qui m’avez rendu folle afin de prendre par la suite la tête du clan, avec ma mort, vous commanderez une masse d’elfe, et vous le savez. Vous avez déjà réussit à rallier quelques elfes contre moi, par vos mensonges, c’est ainsi que vous voulez gouverner ? Par le mensonge et l’endoctrinement des foules ? Êtes-vous fiers de faire passez vos désirs de pouvoir avant votre amour des elfes ? Tuez-moi et vous serez le paradigme de l’immoralité ».
Le frère de l’elfe ne peut se retenir de trancher la gorge de l’elfette. Celle-ci s’effondra mais respirait encore. Thorak la mis sur le dos et s’agenouilla auprès d’elle. Elle semblait ne plus voir qu’une seule et même personne, une seule et même voix quand les deux elfes parlait..avant son dernier soupir elle entendit : « Ma chère elfette, sache que la vie n’est pas rose ». Thorak enfonça alors sa lame au plus profond du cœur de l’elfette ; ses yeux se fermèrent alors..elle se sentait partir et voyait se succéder les images de ses proches..dans un dernier élan vital elle prononça : « Azora ». L’elfette était morte. D’affreux ricanements accompagnèrent l’elfette dans un repos éternel.


Quelques heures plus tard, on trouva la dépouille de Roxaneyuna là où elle fut tuée. Une lettre, gardé dans une de ses poches était demeurée intacte. On pouvait y lire :
« Cher Eldarion, si vous lisez ce mot, c’est que je ne suis plus de ce monde..j’ai échoué dans ma vengeance, je ne voulais pas vous en parlez car tuer un elfe, même immoral, est contre nature.
Merci de m’avoir accueillit dans votre clan, je vous en serais éternellement reconnaissante, mais j’ai une dernière faveur à vous demander. Je vous supplie de prendre soin de ma jeune sœur, en la suivant, en la protégeant, elle se nomme Azora. Que les dieux vous gardent. »

Roxaneyuna